Thyroïde et fertilité

Les causes de l'hypofertilité en lien avec la thyroïde

Quels sont les liens entre la thyroïde et la fertilité ? Quel est le rôle de l’alimentation dans tout cela ?

La thyroïde est une glande basée dans cou des femmes et des hommes qui permet de produire les hormones T4 (hormone de réserve, faiblement active) et T3 (hormone active), et calcitonine.

Les hormones thyroïdiennes T4 et T3 agissent sur les récepteurs des cellules pour réguler :

  • Le métabolisme de base : elles augmentent la dépense énergétique et la production de chaleur

  • La fréquence cardiaque et la contractilité du cœur

  • Le développement du cerveau

  • Le tonus musculaire et la vitalité

  • Le transit intestinal: elles stimulent la motricité digestive

  • La peau, les cheveux, les ongles: une thyroïde faible peut les rendre secs, cassants, ternes

  • Le poids : un excès entraîne souvent une perte de poids, un manque provoque une tendance à la prise de poids

On comprend donc là l’importance de la fonction thyroïdienne, qui agit sur tout notre métabolisme ! Les déséquilibres fréquents sont donc:

Une hypothyroïdie → production insuffisante d’hormones thyroïdiennes.
Symptômes possibles : fatigue, frilosité, constipation, prise de poids, peau sèche, humeur basse.

Une hyperthyroïdie → production excessive d’hormones thyroïdiennes.
Symptômes possibles : nervosité, insomnie, perte de poids, palpitations, transpiration excessive. L’hyperthyroïdie est souvent auto-immune (maladie de Basedow ou peut intervenir avant une hypothyroïdie d’Hashimoto).

Quel est le lien avec la fertilité ?

La baisse de la fertilité a des très nombreuses causes, et une thyroïde dysfonctionnelle (elle a également plusieurs façons d’être dysfonctionnelle, mais nous n’aborderons pas ces détails ici) peut être une des causes d’hypofertilité. Pour chaque dysfonctions, il peut y avoir des causes diverses, je sais, c’est infini ! C’est une des raisons pour laquelle, un.e patient.e doit être prise en charge de façon personnalisée, et que “l’enquête” peut être longue. Mais c’est aussi passionnant et surtout, il y a des solutions.

Bref, quel est le lien entre la thyroïde et la fertilité ? Une dysfonction thyroïdienne peut entrainer:

  • Une hypo-oestrogénie

  • Une hyperprolactinémie (elle même pouvant être la cause d’une hyperandrogénie)

  • Un hyperinsulinisme (lui-même pouvant être la cause d’une hyperandrogénie)

  • Une hyperandrogénie de façon indirecte comme on peut le noter ci-dessus

  • Un déclin de la réserve ovarienne (dans le cadre d’hypothyroïdie auto-immune)

Ces dysfonctions altèrent toutes la qualité de l’ovulation, ce qui altère alors la fertilité! Vous comprendrez que je ne peux pas tout détailler ici, mais cela donne des pistes de recherche, et de compréhension. Bien sûr, ce sont des chemins que nous pouvons explorer ensemble en consultation.

Alors, que manger pour optimiser ses fonctions thyroïdiennes ?

Il y a effectivement des aliments intéressant à intégrer à son assiette, source de micronutriments essentiels au soutien des fonctions thyroïdiennes. Cela dit, la première chose à mettre en place sera une alimentation saine, variée, suffisamment riche en bonnes graisses (riche en Oméga 3 avec des sardines, maquereaux, anchois ou huiles végétales riches comme l’huile de lin, de caméline ou de noix) et pauvre en sucres rapides/raffinés, afin de stabiliser au maximum sa glycémie et limiter l’inflammation. Au delà de cette alimentation équilibrée et anti-inflammatoire, il y a des micronutriments qu’il sera intéressant de veiller à consommer en suffisance. Je parle ici en premier lieu d’aliments, car les compléments alimentaires doivent être pris seulement après vérification de vos taux par une prise de sang ou un bilan urinaire.

L’iode

Un déficit un iode est bien connu pour être une cause d’hypothyroïdie, puisqu’il est absolument essentiel à la fabrication de la T4 et de la T3, bien que son rôle ne soit pas uniquement lié à la thyroïde. D’ailleurs, les ovaires sont les seconds organes les plus riches en iode; il est intéressant de noter qu’ils se gorgent en iode autour de l’ovulation! Les déficits en iode augmentent les risques de douleurs mammaires, seins fibrokystiques et fibromes utérins. Ces troubles sont d’ailleurs également favorisés par une hyperoestrogénie. Intéressant, non? Tout est lié, oui oui oui !

Les sources alimentaires d’iode sont les poissons, coquillages et crustacés peu cuits ou crus, et l’algue kombu royal. Les oeufs et les produits en contiennent également de petites quantités.

Le sélénium

Le sélénium est indispensable à la conversion de l’hormone T4 (hormone de réserve) en T3 (hormone active). Effectivement, on peut avoir une excellente réserve, mais si l’enzyme de conversion n’est pas fonctionnelle, on se retrouve avec peu d’hormone active.

L’aliment par excellence, riche en sélénium, est la noix du Brésil, puisque les terres du Brésil sont particulièrement riches en sélénium et que le noyer du Brésil a cette capacité à synthétiser et accumuler le sélénium en grandes quantités. On trouve aujourd’hui difficilement des noix du Brésil qui proviennent vraiment du Brésil et une noix de Bolivie par exemple contiendra facilement 2x à 3x moins de sélénium que celle du Brésil mais restera intéressante. Une consommation de 2-3 noix par jour peut donc suffire à remonter son taux en sélénium.

La conversion évoquée ci-dessus sera aussi impactée par le zinc et le fer. Justement…:

Le zinc

Un déficit en zinc pourra être responsable d’une hyperactivité de l’enzyme 5 désiodase qui convertit la T4 en rT3 au lieu d’en T3. La rT3 (reverse triiodothyronine) va se fixer sur les mêmes récepteurs que la T3 (et donc prendre leur place), mais ne va pas s’activer. C’est comme une hormone parasite. C’est un peu complexe et subtile, et je ne vais aller plus loin de le détail ici ni dans les impacts que l’on pourra discuter en consultation au besoin, mais voici l’une des raisons d’être du zinc ! Le zinc est par ailleurs un micronutriment essentiel à notre immunité, il est d’ailleurs très utilisé par le corps en cas d’infection. Alors quels aliments sont riches en zinc ?

Sachez d’abord qu’une carence en zinc sera difficilement comblée seule par l’alimentation. Cependant, les aliments riches en zinc sont les produits de la mer (l’huitre étant la grande vainqueur), les abats, les oléagineux (la graine de courge étant particulièrement riche en zinc, mais le sésame et le pignon sont aussi intéressants), les légumineuses (lentilles, pois chiches, haricots, soja, etc.), et les céréales complètes. Pour améliorer l’absorption du zinc, il sera intéressant de faire tremper les légumineuses 12 à 24h.

Le fer

Il est nécessaire à la fabrication des hormones T4 et T3, ainsi qu’à la conversion des hormones T4 en T3, ainsi qu’au bon fonctionnement des mitochondries. Le fer peut donc perturber la thyroïde même quand l’iode est présent en suffisance.

Les sources animales les plus riches en fer sont le foie de boeuf et de volaille, le sanglier et le gibier le boudin noir et la viande rouge. Viennent ensuite les autres viandes, poulet, dinde, canard, poissons gras, fruits de mer, jaune d’oeuf. Vérifiez bien la qualité de vos produits, et n’hésitez pas à manger moins de viande mais de haute qualité. Questionnez les éleveurs sur leurs pratiques…

Les sources végétales de fer sont les lentilles, le quinoa, les pois chiches, les haricots rouges / noirs / blancs, le tofu et tempeh, les graines de courge et de sésame (le tahini donc aussi), les épinards, les blettes, le kale, l’avoine, les noix de cajou, les amandes, les pistaches, abricots secs, raisins secs, figues, la betterave, le cacao pur.

Peut-on optimiser autre chose ?

Oui, il y a d’autres micronutriments qui interviennent dans la fonction thyroïdienne, comme la vitamine b12, le cuivre, le manganèse et les vitamines A, E et D. Et d’autres fonctions hormonales peuvent être investiguées en cas de troubles de la thyroïde. Vous comprenez bien que le sujet est extensible à souhait, c’est juste passionnant, mais je me retiens ici d’en écrire plus en espérant avoir gardé certaines personnes jusqu’au bout de cet article qui ne peut pas être exhaustif tant le sujet est vaste.

Je reprécise ici qu’aucune supplémentation ne devrait être faite à l’aveugle, même si l’on se reconnait des symptômes d’hypothyroïdie. Des bilans sanguins et urinaires doivent être effectués et comparés avec la clinique pour décider de si une complémentation est nécessaire, à quel dosage, sous quelle forme, pendant quelle période de temps. Nous en parlons volontiers en consultation !

Cet article a été écrit par mes soins avec l’aide de l’excellent ouvrage de Guénaëlle Abéguilé “Troubles hormonaux - reprenez le pouvoir” ainsi qu’une formation spécifique sur le sujet.

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